AMS fête ses 25 ans : entretien avec Matija Nuic

Dans une série d’articles, des personnalités marquantes du secteur agroalimentaire suisse se prononcent sur l’importance d’AMS Agro-Marketing Suisse, 25 ans après sa fondation. Nous poursuivons notre série avec Matija Nuic, directeur de l’Union maraîchère suisse.

L’Union maraîchère suisse est l’organisation professionnelle des productrices et producteurs de légumes et défend les intérêts de ces derniers. Elle s’engage pour un contexte politique, sociétal et juridique favorable à la production et pour une position forte sur le marché.

« Nous voulons montrer à tout le monde le soin, la passion et le professionnalisme requis pour obtenir de bons légumes suisses. »   

« Agro-Marketing Suisse. Un pour tous. »

Matija Nuic, 36 ans, directeur de l’Union maraîchère suisse, membre du comité d’AMS

Matija Nuic, 36 ans, directeur de l’Union maraîchère suisse, membre du comité d’AMS

Quels sont actuellement les défis principaux des maraîchers et maraîchères suisses ?

Pour moi, il est clair que nous devons prêter une oreille attentive aux attentes de la société en matière d’agriculture durable. Les résultats de la votation du 13 juin 2021 étaient certes en notre faveur, mais nous nous sommes aussi engagés à nous développer dans le sens de la durabilité.

En même temps, nous n’avons jamais subi une telle pression sur les prix. Nous la ressentons de plus en plus douloureusement. Pour les détaillants, le prix est un critère concurrentiel déterminant. Cette pression se répercute souvent sur les productrices et producteurs. En fin de compte, il peut arriver que la marchandise suisse soit délaissée et qu’on importe de la marchandise étrangère avantageuse. Cela ne mène à rien et c’est une catastrophe pour nous.

Notre défi, et notre mission, consiste à faire en sorte que le surcroît de travail fourni par les productrices et producteurs en faveur d’une agriculture durable soit équitablement rémunéré. Nous n’avons pas les moyens d’exercer une pression directe. Toutefois, avec nos outils de communication, nous pouvons montrer la valeur ajoutée de la production suisse, comme le fait AMS avec Suisse Garantie et ses valeurs essentielles, invisibles pour les yeux. En effet, les consommatrices et consommateurs ne voient pas les différences entre une salade suisse et une salade espagnole. Ce que l’on ne voit pas, ce sont les valeurs intrinsèques de la production suisse : les terres cultivées, le climat, les eaux, les sols, la durabilité, les trajets et les conditions sociales. Il y a de grandes différences et nous devons les faire apparaître.  

D’après vous, quels sont les troisaccomplissements majeurs d’AMS ?   

  • La marque de garantie Suisse Garantie : Suisse Garantie est très clairement un accomplissement majeur d’AMS et l’histoire d’une réussite. Cette marque de garantie jouit d’une forte notoriété et de crédibilité sur le marché, auprès des productrices et producteurs, des transformateurs, du commerce et des consommatrices et consommateurs. Cela est notamment dû à la qualité de la publicité. La campagne actuelle, avec ses images fortes des produits devant un fond noir, attire l’attention et laisse une impression durable. Elle montre de façon remarquable le caractère unique des denrées suisses.

  • La coordination de la branche sous un même toit : La marque de garantie Suisse Garantie est une chose, mais ce qui est tout aussi important, c’est l’action de coordination d’AMS au sein de l’agriculture. Les organisations sectorielles et de productrices et producteurs sont souvent engagées dans plusieurs fédérations, mais les activités vraiment communes ne sont réalisées qu’au sein d’AMS. Les Semaines suisses en sont un bon exemple, avec la présence d’AMS et de Suisse Garantie dans les grands centres commerciaux.
    Ici, AMS définit le cadre, que les différentes branches peuvent remplir. C’est une bonne solution, car tout le monde tire à la même corde et nous pouvons ainsi augmenter notre impact.

  • La création d’une agence de coordination (CERES Media, anciennement AMS-Media) : grâce aux achats groupés, AMS peut négocier de bonnes conditions. AMS a désormais délégué cette tâche à CERES MEDIA. Tâche qui consiste toujours à obtenir plus de prestations pour chaque franc publicitaire investi.  

Quelle direction AMS devrait-elle prendre pour évoluer ?

La pyramide des valeurs plaçant Bio Suisse au sommet, IP Suisse au milieu et Suisse Garantie en bas est dépassée. Suisse Garantie a la possibilité de se démarquer, surtout si nous mettons en œuvre les plans issus de notre « Stratégie valeur ajoutée », dans le domaine de l’économie en circuit fermé par exemple et en matière de production pauvre en CO2. Un des objectifs de notre union est de réduire de 80 % d’ici 2030 les émissions de CO2 dans les cultures sous abri. Grâce à cela et aux possibilités élargies de la production hors-sol, la culture maraîchère connaîtra un bond considérable en matière de durabilité. Les autres secteurs entreprennent des évolutions similaires. Je pense au Tapis vert et aux efforts de productrices et producteurs de fruits. De cette manière, Suisse Garantie revêt une toute nouvelle signification sur le marché.

Nos habitudes alimentaires évoluent. La tendance vers une alimentation sans viande et vers des succédanés de viande augmente. En parallèle, nous constatons des changements dans les comportements d’achat des consommatrices et consommateurs. La vente directe à la ferme est en pleine croissance. AMS doit saisir encore mieux les chances que représentent ces évolutions. La marque de garantie Suisse Garantie et le slogan « L’essentiel est invisible pour les yeux » apparaissent pour l’instant uniquement dans la publicité ou sur les emballages. C’est dommage. Qu’est-ce qui nous empêche d’avoir une plus grande présence avec la marque de garantie, par exemple sur les exploitations, sur les serres, dans les cantines, les restaurants ou sur les cabas ? Cela accroîtrait notre visibilité et permettrait une meilleure identification.

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